Les echos : Le vélo de fonction, le nouveau dada des start-up de la petite reine

En 2020, le vélo s’est imposé comme un moyen de transport crédible et, ce, jusque dans les entreprises. Inspirées de ce qui se passe en Allemagne, plusieurs start-up de leasing de vélos se sont lancées à l’assaut de ce marché florissant. Tour d’horizon.

Exit la voiture de fonction, bonjour le vélo de fonction. Depuis la vague de grève des transports en Île-de-France il y a deux ans, couplée à la crise sanitaire actuelle, la petite reine est de retour sur les chapeaux de roues partout en France – et même au bureau.
Aujourd’hui, un Français sur cinq vivant dans une grande ville (plus de 100.000 habitants) pédale pour son trajet domicile-travail, selon l’étude « La Pratique du vélo en milieu urbain », réalisée par l’Union sport et cycle sur un échantillon représentatif de 2.437 Français, publiée en 2019. Si certains de ces « vélotafeurs » (ceux et celles qui viennent au taf à vélo) ont acheté leur propre vélo, d’autres peuvent être freinés par le prix de certains modèles, notamment les vélos à assistance électrique (VAE) dont la valeur unitaire est estimée en moyenne entre 1.500 et 2.000 euros selon l’UFC-Que choisir. Alors pourquoi ne pas le louer ? Ou mieux : le faire loyer par son employeur ? Portées par des start-up telles que Zenride, Tim Sports, Tandem, Bee.cycle ou encore Azfalte, de nouvelles offres de location de vélos à destination des entreprises fleurissent pour inciter les salariés à se mettre au « vélotaf ».

 

15 à 30 euros par mois pour le salarié

Toutes proposent une gamme complète – VAE, vélos cargo, pliants, « smart » ou encore simplement mécaniques-dont les prix vont jusqu’à plusieurs milliers d’euros. L’immense majorité des demandes enregistrées concernent des prêts de VAE, d’après les jeunes pousses interviewées. Elles assurent aussi l’équipement annexe (casque, antivol, etc.), l’assurance, le dépannage, la réparation en cas de casse mais aussi l’accompagnement pour mettre en selle » le salarié (tutoriel de prise en main, cours en e-learning, bonnes pratiques). Résultat : le vélo est servi sur un plateau.

L’entreprise n’a rien à faire non plus-voire tout à y gagner. Ce marché prometteur surfe sur la réduction d’impôts sur les sociétés à la condition de « la mise à disposition d’une flotte de vélos », entrée en vigueur au début 2019. Autrement dit, une entreprise qui permet à ses employés de faire du vélo bénéficie d’une réduction d’impôt de 25 % des frais engagés pour l’achat, la location ou l’entretien de la flotte. Même si le loyer est payé à 30 % par l’utilisateur et 70 % par son employeur, il est peu onéreux. Par exemple pour un VAE d’une valeur de 2.500 euros, le coût pour l’entreprise est d’environ 70 euros par mois et par salarié quand le salarié paie entre 15 à 30 euros mensuels. L’idée est de répliquer le système de partage d’abonnement au Pass Navigo de la RATP, en Ile-de-France que les employeurs paient à 50 %, soit un peu moins de 40 euros par mois.
Celui-ci pourra au terme des 12, 24, 36 ou 48 mois de location longue durée garder son vélo, en l’achetant pour en moyenne 20 à 25 % de son prix initial. Un modèle économique calqué sur celui du leasing automobile. Leur marge opérationnelle est principalement réalisée sur le loyer du vélo pendant la durée du contrat, puis éventuellement au moment de la revente d’occasion à la fin dudit contrat.
«Chaque salarié choisit son préféré dans les rayons » « On vient de signer notre 100e client ! », se targue Antoine Repussard, cofondateur de Zenride lancé en 2018 qui dit avoir signé 30 contrats en trois mois. Pionnière sur le marché, la start-up a convaincu des grands comptes comme Microsoft, Saint-Gobain, la Française des jeux ou encore Natixis. En moyenne, les flottes louées chez Zenride sont composées de 150 vélos. Chaque salarié choisit son préféré dans les rayons des 70 magasins partenaires dans toute la France selon l’enveloppe définie par son employeur », explique l’entrepreneur. En général, elle est aux alentours de 2.500 euros. Son concurrent Tim Sports, né en 2019 a choisi de tout centraliser sur le site des sociétés : la livraison, la réparation, le SAV. Un gage de la productivité » des salariés selon Alain Atlani, cofondateur de la jeune pousse qui sait « marketer ses produits. A l’occasion de la remise des vélos, un « petit cérémonial » est organisé dans les bureaux. « Les gens aiment cette remise en main propre », assure l’entrepreneur.

Contrairement à la start-up précédente dont l’activité s’organise en réseau, Tim Sports s’appuie sur des partenariats négociés directement avec les constructeurs de vélos en majorité français », précise Alain Atlani. Les contrats avec les sociétés loueuses s’étalent entre sur un à quatre ans. A la fin du contrat, si les salariés ne veulent pas le racheter, les vélos sont donnés à des associations, et remplacés par de plus récents.

Présente depuis plus de deux ans sur le marché, Bee.cycle est calquée sur le même modèle tourné évènementiel et industrie du vélo. A la différence près que la start-up bordelaise a ouvert son offre aux auto-entrepreneurs. « Il suffit donc d’être au moins un dans son entreprise pour pouvoir louer un de nos vélos », explique Edouard-Paul Rokvam, responsable du développement de Bee.Cycle. Au total, la jeune pousse dit avoir livré plus de 300 vélos à 60 clients, dont le groupe immobilier Pichet ou encore le cabinet de consulting Bureau Veritas. En cas de pépin, ils font appel à un réseau d’ateliers de réparation locaux.

Un marché qui attire
Mais comparé à nos voisins européens, le retard demeure important. En Allemagne, le nombre de vélos de fonction serait compris entre 800.000 et un million de vélos de fonction. Plus largement, la part modale du vélo dans son ensemble en France reste trois fois inférieure à celle de son voisin allemand. Et ce bien que la fréquentation des pistes cyclables ait bondi de 27 % cette année dans l’Hexagone, selon Vélos & Territoires. Sans parler du manque d’infrastructures généralisé : pistes cyclables, signalisations, parkings, etc.

Par Marion Simon-Rainaud, Les Echos